BRUCE CONTRE ATTAQUE / NINJA STRICKE BACK

Bruce Lee fait la java à Bornéo… Yang Tze la terreur de Bruce Lee… La sœur de Bruce Lee… de 1974 jusqu’au milieu de la décennie suivante, les clones du Petit Dragon infestent les écrans de cinéma de quartier. Et comme nous venons de le voir, le sympathique, Taïwano – Birmanais, Huang Kin Lung, aka Bruce Le est l’un d’eux !

Perplexité, devant ces façades de cinémas de quartier qui entre une affiche, d’un slasher, d’un Joe d’Amato, de deux vrais pornos poilus, une ’affiche aléchante d’un film de Kung-fu étonnamment français, produit par André Koob et Jean-Marie Pallardy, le roi du X made in France, d’alors … “Bruce contre attaque” , avec le très sobrement appelé “BRUCE”.

Perplexité, donc.

Nous sommes alors en l’an de grâce 1982, Bruce Le alors âgé de 27 ans est en pleine forme et les affaires vont bon train. Il est sur la préparation du quatrième films produits par sa propre société de production la “Dragon Films”

Il vient de faire la rencontre du Français André Koob qui va avoir une grande importance dans sa carrière. Ce dernier directeur de la compagnie « EUROGROUP FILM » spécialisée dans la distribution de films d’horreur, Mister Koob pris de passion (financière) pour les films de Kung-Fu, est persuadé de tenir là un créneau véritablement juteux et encore sous-exploité en Europe.

Bien que le genre soit quasi mort en Asie, à la moitié des années 80, la Bruceploitation continue de faire des scores grandissants à travers les États Unis, l’Amérique du Sud et l’Europe. Non seulement au cinéma mais aussi dans d’importantes chaînes de télévision.

Pour l’heure, André Koob s’associe avec Dick Randall, pour aider bruce à financer et produire « Bruce Contre-Attaque», de son vrai titre “Ninja Strickes Back”

Si André Koob, se prétend le réalisateur du «chef d’œuvre», la mise en scène est, en réalité, essentiellement assurée par Bruce Le lui-même, associé à Joseph Velasco (alias Joseph Kong), spécialiste du genre. (Enter the Game of Death, Return of Bruce…etc).

L’intrigue chétive de ce méli peu mélo, rythmé et divertissant filmé à la va comme j’te Bruce enchaine joyeusement les scènes de nudité gratuite, des combats contre des Ninjas folkloriques et est aussi l’occasion de décalquer, pratiquement à l’identique, le mythique combat au cœur du Colisée de Rome de Rome entre Bruce Lee et Chuck Norris, mais effet raté.

En dépit de son bidouillage manifeste, « Bruce contre attaque » s’octroie, un casting trois étoiles des superstars des films de Kunf Fu du moment : Hwang Jang Lee, le super Kicker à la gambette fouetteuse, le tourbillonnant Casanova Wong, et biensur le musculeux Bolo Yeung-Tze, (Opération Dragon).

Sans oublier les références à l’aventure James bondienne, avec la présence exceptionnelle de Harold Sakata, (Goldfinger) lequel reprenant son rôle d’homme de main au chapeau meurtrier. Le pauvre, malade, disparaîtra peu après le tournage.

Il est à noter que Dick Randall, se verra accompagné de son épouse Corliss, jouant une fliquette créditée sous le pseudonyme de Chick Norris.

La bande originale, quant à elle, se limite essentiellement à des extraits musicaux des films de Bruce Lee, de James Bond, ou encore de mélopées au piano signées Richard Clayderman.

Enfin et pour finir parfait exemple de film de Bruceploitation complètement saugrenu, « Bruce contre attaque » accouche ici d’un patchwork délirant, empruntant tous les tics et les schémas narratifs des véritables films de Bruce Lee, se révélant être un plaisirs coupable, objectivement mal foutu mais tout aussi cultissime.

Sa bonne humeur, son scénario ridicule, son rythme échevelé, son exotisme jauni au temps, et ses Guest-Stars improbables en font un divertissement parfaitement exporté et exportable sur le marché international. Pour preuve il existe bel et bien une version américaine sous-titrée en Islandais ainsi qu’une version Turque.

Pour Bruce Le et sa bande, le cahier des charges est rempli et il ne me reste plus qu’à laisser vos petits yeux pétillants se délecter de cette gourmandise filmique.